Entretien avec le Professeur Fontaine
Professeur Bertrand FONTAINE
Neurologue à l’Hôpital de la Salpêtrière, professeur à l’Université Pierre et Marie Curie, directeur de l’Unité Inserm U546 « Affections de la myéline et des canaux ioniques » et responsable du centre de référence « Maladies musculaires des canaux ».
Membre du jury « Médicament et travaux de recherche »
« Le Prix Galien récompense ce qui transforme réellement la vie des patients »
Entretien avec le Professeur Bernard Fontaine
Le Prix Galien, c’est quoi pour vous ?
C’est un prix aujourd’hui bien établi dans le paysage de la santé. Ce que je trouve remarquable, c’est qu’il valorise ce qui constitue un “plus” pour les patients — que ce soit en matière de bénéfice thérapeutique, d’amélioration de la prise en charge ou de réduction d’un risque lié à un acte médical. Là où d’autres prix scientifiques s’arrêtent à la découverte en tant que telle, le Prix Galien distingue ce qui a un véritable effet transformant sur la vie des patients.
Vous souvenez-vous du moment où l’on vous a proposé d’intégrer le jury ?
Oui, bien sûr. C’était il y a quelques années. C’est une forme de reconnaissance — à la fois pour mon expérience dans le domaine de la santé, et pour ma capacité à évaluer non seulement les avancées scientifiques, mais aussi leur valeur du point de vue du patient.
Qu’est-ce qu’une innovation en santé à vos yeux ?
Il faut d’abord qu’il y ait une découverte, évidemment. Mais ce qui fait qu’on parle d’innovation santé, c’est son utilité directe pour le patient. Il ne suffit pas que ce soit nouveau, il faut que cela apporte un bénéfice tangible. Je pense, par exemple, au lauréat de l’année dernière : une équipe composée de chercheurs en intelligence artificielle et de chirurgiens. Ils ont développé un outil pour reconstituer, à partir d’imageries médicales, les trajets nerveux dans la zone du pelvis — une région particulièrement complexe. Grâce à cette technologie, les interventions chirurgicales sont devenues moins délabrantes, préservant mieux les fonctions nerveuses. Là, on voit bien le lien entre la recherche, la technologie, et un bénéfice direct pour le patient.
Quel conseil donneriez-vous à celles et ceux qui hésitent à déposer leur dossier ?
Je leur dirais d’y aller ! C’est déjà une occasion de prendre du recul sur son travail, de réfléchir à la manière dont une découverte peut devenir une application concrète. On observe souvent que ce passage de la recherche fondamentale à l’usage pratique est mal anticipé, mal maîtrisé. Poser sa candidature, c’est aussi se confronter à ces questions-là, et potentiellement acquérir une nouvelle expérience précieuse. Même si le prix n’est pas remporté, le processus en lui-même est enrichissant.