Entretien avec Pierre Canoui

Annick Tibi

 

Entretien avec Pierre Canoui, membre du jury « Accompagnement du patient » du Prix Galien

Pédopsychiatre, engagé de longue date dans l’accompagnement des enfants gravement malades, Pierre Canoui partage son expérience en tant que juré du Prix Galien, et défend une vision exigeante, humaine et constructive de l’innovation en santé.

Comment parlez-vous du Prix Galien autour de vous ?
J’en parle comme d’un prix de l’innovation, surtout. C’est un prix unique, qui permet une reconnaissance indépendante des circuits commerciaux ou publicitaires. Il met en lumière des initiatives qui sortent du cadre habituel.

Vous souvenez-vous du moment où vous avez accepté de faire partie du jury ?
Oui. On m’a proposé de rejoindre le jury consacré à l’accompagnement du patient, un sujet qui fait écho à toute une partie de ma carrière. J’ai été pédopsychiatre à Necker, au contact d’enfants très malades. L’accompagnement, notamment psychologique, a toujours été au cœur de mon travail. Quand Dominique Bayle m’a sollicité, j’ai dit oui tout de suite.

Comment se déroulent les délibérations au sein du jury ?
Le processus est structuré. Les projets reçus sont pré-triés selon des critères bien définis. Chaque projet doit déjà avoir été expérimenté, et répondre à un cahier des charges rigoureux. Ensuite, les membres du jury sont répartis par binômes, sans conflit d’intérêts, pour analyser les dossiers selon une grille d’évaluation. On note l’innovation, la reproductibilité, les résultats, le coût, la possibilité d’essaimage, le bénéfice pour les soignants, pour les malades et pour l’entourage.
Puis on se réunit tous. Chaque projet est présenté et discuté. Ce sont des débats très riches, très démocratiques, souvent intenses. On essaie de faire émerger le projet le plus complet et le plus porteur.

Quelle est votre définition de l’innovation en santé, et notamment dans le domaine de l’accompagnement ?
Pour moi, l’innovation, ce n’est pas forcément technologique. Dans l’accompagnement, elle réside davantage dans des idées nouvelles qui permettent de repenser notre manière de faire. Par exemple, s’intéresser au bien-être des soignants, à celui des parents ou des grands-parents, ce sont des sujets qui semblaient marginaux il y a quinze ou vingt ans. Aujourd’hui, ils prennent toute leur place. L’innovation, c’est aussi porter un regard nouveau sur des aspects qu’on avait ignorés, et parfois, remettre en question des idées reçues.

Que diriez-vous à ceux qui hésitent encore à candidater ?
Préparer un dossier pour le Prix Galien, c’est déjà en soi un exercice précieux. Cela oblige à clarifier son projet, à identifier ses forces et ses points faibles. C’est une confrontation utile, qui fait progresser. Certains projets sont refusés une première année, mais reviennent renforcés ensuite.
Exposer ce qu’on fait, le soumettre à l’analyse d’autrui, c’est une démarche exigeante mais féconde. Cela fait partie du progrès. Et cela peut aussi aider à convaincre des partenaires, à obtenir des financements.

Le Prix Galien, c’est une reconnaissance, mais c’est aussi une opportunité d’avancer.

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