Interview du Professeur Tilleul
Chef de service de la PUI Pitié Salpêtrière-Charles Foix, Professeur Associé pharmacie clinique, U-Paris
Et membre du jury MedTech et Solutions Numériques
Professeur, que représente pour vous le Prix Galien dans le domaine de la santé ?
Le Prix Galien, c’est la concrétisation pour un partenaire industriel de sa capacité à innover au bénéfice direct des patients. Ce prix évalue, de manière rigoureuse, à l’image des agences de santé, la contribution d’un fabricant à l’amélioration de la qualité de vie ou de la survie des patients. Bien sûr, certains dossiers évoquent l’innovation d’un concept, mais cette innovation n’a de sens que si elle s’appuie sur des preuves. Une évaluation sérieuse — sans forcément aller jusqu’à un essai randomisé en double aveugle — est indispensable pour mesurer la valeur clinique ajoutée du projet.
Vous souvenez-vous de votre première participation au jury du Prix Galien ? Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?
Oui, très bien. C’est une ancienne membre du jury, qui avait suivi un de mes enseignements en économie de la santé, qui m’a contacté. Elle m’avait « repéré », comme on dit, et quelques années plus tard, elle m’a proposé de rejoindre le jury. C’est donc une démarche de cooptation, mais aussi de reconnaissance, ce qui m’a évidemment touché.
Comment définiriez-vous l’innovation en santé ?
L’innovation en santé, c’est d’abord l’apparition de nouveaux concepts, de nouveaux mécanismes d’action, de nouveaux matériaux ou de nouvelles technologies. Ce sont les outils. Mais ce qui compte vraiment, c’est leur impact mesurable sur la santé publique, dans le cadre de la pathologie ciblée. L’innovation doit produire un véritable bénéfice.
Chaque année, des chercheurs ou startups hésitent à candidater, souvent par crainte de ne pas être à la hauteur. Que leur diriez-vous ?
Je les encouragerais vivement à franchir le pas. La jeunesse d’une entreprise ou son arrivée récente sur le marché ne sont en rien des freins. Bien au contraire. Le jury est souvent plus attentif aux projets portés par de jeunes structures que par les grandes multinationales qui disposent déjà de moyens conséquents. Par ailleurs, une réflexion sur les aspects médico-économiques — même simple — est toujours la bienvenue. Pas besoin d’une analyse poussée, mais réfléchir à ce que la technologie apporte par rapport à son coût ou à ce qu’elle permet d’économiser, c’est un plus. Et puis, on ne perd jamais son temps à candidater. Même en cas de non-sélection, l’échange est toujours bienveillant. Le simple fait de participer est perçu très positivement.